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  • Photo du rédacteurJulie Charquet

Prendre en main sa santé aujourd’hui : un regard de la médecine traditionnelle chinoise.

Dernière mise à jour : il y a 7 jours

Article issu d'une conférence donnée à Gréoux les Bains en août 2020.

« Prendre en main sa santé aujourd’hui : qu’est-ce que cela signifie ? Quels sont les outils dont nous disposons dans notre quotidien, et quelle part de « pouvoir » avons-nous sur notre état général au fond ?…

Nous allons voir comment la connaissance de nous-même, à travers la médecine chinoise et la philosophie taoïste, peut nous aider dans la prévention de pathologies, et participer à la recherche d’une harmonie en phase avec les mouvements de la vie. »



Aujourd’hui, j’ai envie d’aborder la question de la santé, plus précisément, comment dans notre société, nous prenons en main notre santé, comment peut-on le faire…, quels sont les outils pour cela, et leurs limites.. ?


Tout d’abord, nous sommes face à 2 systèmes de santé, entre la France et la Chine.

En France, nous avons la sécurité sociale, qui permet que les honoraires de médecins soient largement diminués, voir parfois gratuits...ainsi que la plupart des traitements proposés pour une pathologie relativement classique.., donc quelque part, cela facilite énormément les choses, et cette facilité atténue notre prise de responsabilité, et notre connaissance de nous-même face à ce qui a mis en place cette même pathologie..

Par exemple : j’ai mal à l’estomac, à la tête… : il existe une panoplie de médicaments qui vont atténuer, voir faire disparaître cette douleur (non pas le problème, mais sa manifestation physique, ce qui nous dérange avant tout..) ..et pour autant, on ne va pas nous dire vraiment, ou bien nous n’allons pas vraiment chercher à comprendre : mais pourquoi est-ce que cela se manifeste ?, d’où vient le problème à la base ?

NB : C’est une chose importante et précieuse que l’on puisse être soulagé de nos douleurs grâce à la médecine occidentale, parfois assez rapidement.., cette médecine peut parfois nous sauver, et il est bon d’en mesurer notre chance...; mais cela représente aussi un rapport au corps qui nous est assez « culturel ». Dans bien d’autres pays, le rapport à la douleur n’est pas le même…

Ici on nous traite, nous allons mieux, et poursuivons notre quotidien habituel… Ce fonctionnement est courant, mais en même temps beaucoup de personnes aujourd’hui en voient aussi les limites, et se sentent poussées à comprendre ce qui se passe en elles, et c’est une très bonne nouvelle… !


En Chine, ce n’est pas aussi simple. Car la médecine n’est pas remboursée, et elle est très cher.. Ce qui veut dire qu’une personne qui tombe malade, ou se fait mal au dos tout simplement…pourrait facilement mettre sa vie en danger, ou se retrouver elle et sa famille totalement ruinée, (devoir vendre son commerce par exemple).. juste par le fait de devoir payer des soins, ou des médicaments. Et si les soins prescrits le sont à vie, l’argent pour se les payer, lui, ne l’est pas forcément.

Donc c’est n’est pas très plaisant comme situation, mais en même temps la question de la prévention ici prend une place fondamentale dans leur vie quotidienne, par une écoute de leur corps, un équilibre alimentaire, une hygiène de vie, avec des pratiques corporelles telles que le Qi Gong, les auto-massages...qui participent absolument à la prévention des maladies. ...Et je dirais aussi permettant de se pacifier avec la présence de la mort dans la vie.

En France, la facilité à se déresponsabiliser de notre corps, à « l’oublier » pour beaucoup, à éteindre de suite la moindre douleur, ou ne pas vouloir l’entendre, à ne pas « sentir » notre corps...nous éloigne aussi de la prise en compte de la mort, ou de la « fragilité de la vie » comme faisant partie intégrante du naturel des choses. Et il n’y a rien de « morbide » à cela.


Donc en Chine, avant la maladie, il y a la prévention à la maladie. Et la prévention, nous allons le voir, c’est une démarche qui inclut absolument tous les paramètres de notre existence, et cela chaque jour, toute notre vie.


« Concept de Racine et de Branche ( běn biāo本 标 ) » :

Dans la médecine chinoise, il y a un concept fondamental qui est celui de « La Racine » et de « La Branche ». La branche, c’est ce que l’on soigne à travers la médecine occidentale, les médicaments etc...elle correspond à la manifestation du déséquilibre, le symptôme que l’on voudrait voir disparaître, parce qu’il nous dérange, d’une façon ou d’une autre. Ce sont les migraines à répétition, le ventre qui gonfle, les diarrhées, le mal de dos etc...C’est ce qui apparaît..et il apparaît parce qu’il y a derrière, un déséquilibre énergétique qui produit cette manifestation. C’est aussi le cas d’un cancer, qui peut se manifester et évoluer de façon flambante, sans aucun signe « apparent » à l’avance pour le patient …

Mais pourtant, pour que cela se manifeste, c’est qu’à la base, il y a une racine.

Aucune plante ne peut se développer sans racine.

La Racine, c’est donc ce qui ne se voit pas. Elle est énergétique, elle est la source qui va favoriser la mise en place du symptôme.

En médecine chinoise, la cause d'une maladie peut venir de l‘extérieur : par un climat par exemple : je suis dehors en hiver, il fait très froid, je ne suis pas très couverte, et je commence à grelotter, et le lendemain je suis clouée au lit avec une grosse fatigue, de la toux et des douleurs corporelles ...c’est ce qu’on appelle un « vent froid » qui attaque la surface du corps. Mais pour que ce climat de « froid » (l’agent pathogène Xié Qì 邪气 ) pénètre le corps, il faut à la base que l’équilibre de la personne ( le Zhèng Qì 正气 : l’énergie correcte, « droite » ) soit suffisamment faible.

Et au plus son équilibre est faible, au plus les symptômes pour une même exposition peuvent devenir beaucoup plus graves.

« Si l’Énergie Droite réside à l’intérieur,

les agents pathogènes ne peuvent nous agresser ;

Si les agents pathogènes nous envahissent,

c’est que l’énergie droite est en vide. »

Zheng Qi Cun Nei, Xie Bu Ke Gan ; Xie Zhi Suo Cou, Qi Qi Bi Xu.

(Classique interne de l’empereur jaune).


Donc le principe serait avant tout de renforcer l’énergie droite.

C’est ce que l’on voit clairement avec une grippe, ou le covid par exemple, qui peut créer des symptômes qui vont d’un simple mal de dos avec fatigue, à la mort, ou encore à aucun symptôme, pour une même exposition au virus en question. Tout dépend du terrain de la personne, de son « Zhèng Qì » du moment.



Toutefois, la racine des déséquilibres en médecine chinoise, est la plupart du temps « interne ».

C’est à dire qu’elle vient de l’intérieur, c’est un déséquilibre énergétique chez la personne qui va favoriser l’apparition de symptômes.

Et là, il y a tant de paramètres à prendre en compte pour répondre à la question : comment s’est mis en place ce déséquilibre… ?

Ces paramètres, ce sont, par exemple, l’alimentation : je pense que la plupart d’entre nous avons bien compris que nous avons besoin d’un régime alimentaire sain, cuisiné par nous-même, et avec amour si possible, fait à partir de produits naturels, non transformés etc...mais le regard que nous apporte la médecine chinoise, c’est qu’il n’y a aucune règle. Nous ne pouvons pas dire à tout le monde : « mangez des crudités tous les jours, c’est bon pour la santé ». Cela risque fort de créer des gros déséquilibres chez certains..par exemple des selles toujours molles, qui peuvent à la longue se transformer en diarrhées chroniques, avec douleurs, voir pertes de sang... La diététique, comme toute chose en médecine chinoise, c’est absolument vivant, changeant, et personnalisé, en cela elle doit être prescrite sur la base d’un bilan énergétique établi par un praticien professionnel.

En outre, l’écoute de soi est importante: nous devons aussi apprendre par l’expérience. Ce qui est bon pour l’autre, ou ce qui a été bon pour moi il y a 6 mois, ne l’est peut être plus du tout aujourd’hui. Car nous changeons à chaque instant. Nous sommes constamment sous l’influence des climats, de notre environnement, de nos relations, de la société, de nos émotions, des saisons etc etc...et c’est là où la médecine chinoise se positionne comme étant une médecine vivante et non dogmatique. Et c’est en apprenant à nous connaître, que l’on va pouvoir réajuster tous ces petits déséquilibres qui sont naturels dans la vie, puisque la vie est par essence mouvement, donc changement, et nous avons à nous y adapter. C’est notre devoir. Ce n’est pas à la vie de s’adapter à nous: cela nous en voyons les conséquences désastreuse sur notre planète, par la déforestation, la perte faramineuse des richesses terrestres…


Nous pouvons aborder quelque peu la question des émotions, et j’imagine que chacun a conscience de l’impact que les émotions ont sur son propre corps, sur sa physiologie...

Nous pouvons dire que les émotions (qu’elles soient conscientes ou inconscientes) sont la plupart du temps l'origine, la racine, de nos déséquilibres aujourd’hui..

Est-ce que vous pouvez, juste pour vous-même, vous souvenir, ou voir maintenant, comment une émotion a affecté votre corps, votre système digestif par exemple, ou a déclenché des symptômes de grippes alors que vous vous sentiez parfaitement bien deux jours avant cette émotion qui vous a impacté ? ...il est assez facile de le remarquer...

Donc, ma façon de penser du moment va influer sur mon corps, mes organes, et leur bon fonctionnement. Cette démarche d’observation de soi, est à la base de la prévention.

Il n’y a que nous même qui puissions le faire. Le thérapeute peut permettre une certaine connaissance des liens existants dans sa discipline, (qui n’est qu’un angle de vue parmi d’autres), entre les émotions et les déséquilibres du corps..., mais il est important d’apprendre aussi tout cela par nous-même, par l’expérience, en nous observant, en apprenant à nous connaître avec transparence.

Et c’est exactement la démarche des sages chinois qui ont fondé la médecine traditionnelle chinoise au cours des siècles: ils ont appris par l’expérience, en pratiquant, en s’observant, en observant leur propre corps (par les pratiques méditatives par exemple, ou le Qi Gong..), et en observant la vie autour d’eux, la nature, le cosmos. C’est ce cheminement que j’ai profondément à cœur de transmettre à travers la formation en Acupression-Qigong Tuina...une démarche de connaissance de soi, un apprentissage qui passe par l'expérience intime, afin d’être plus conscient, plus autonome dans sa propre santé et gestion émotionnelle, pour apprendre à soigner l'autre avec d'avantage de discernement...


Donc nous venons de poser le fait que nos émotions sont la plupart du temps "la Racine" des déséquilibres énergétiques qui nous causent des problèmes de santé...

Mais nous pouvons aussi essayer d’observer le processus inverse… : il est intéressant de voir comment un symptôme physique (par exemple une forte fatigue due à un surmenage, ou un accouchement..) va influer sur mon esprit.

Prenons l’exemple d'un accouchement : En MTC, on dit que l’Esprit est « hébergé » dans le sang...(ou enraciné dans le Sang): comprenons ici que l'Esprit est une forme d’Énergie, qui a besoin d'une matière pour "s'enraciner"...et cette matière est représentée par le Sang (précisément dans le Sang du Coeur)... Concept qui semble un peu abstrait pour les non-initiés, mais voici le raisonnement pratique de la MTC: une femme perd beaucoup de sang durant un accouchement. Si elle en perd trop par rapport à sa constitution, cela pourrait avoir une répercussion sur son psychisme: son esprit aurait moins « de quoi s’enraciner dans le corps ». Il peut donc en résulter des troubles de l’esprit : par exemple de la déprime, de la confusion, des hallucinations dans les cas plus graves..., ce pourrait être ce qu’on appelle le « baby blues », vu par la médecine chinoise. Donc nous voyons ici comment une altération qui n’est que « physiologique » à la base : « la perte de sang », tout à fait naturelle dans l’accouchement, peut engendrer des troubles de l’esprit, selon les conditions de la personne sur le moment. Le principe de traitement sera donc pour le praticien de « nourrir le sang » (de permettre au corps de produire d'avantage de sang dans l'organisme) afin que l’Esprit puisse retrouver son logis.


Nous pouvons penser encore à d’autres paramètres qui vont jouer sur notre état de santé : le manque de repos, de sommeil, d’activité physique, les pollutions environnementales, ...un excès de sexualité chez les hommes aussi, est considéré en MTC comme pouvant nuire à ce qu’on appelle « l’essence », substance fondamentale de notre potentiel énergétique.



Après ces quelques exemples, j’aimerais questionner notre démarche pour notre santé:

Quelle est mon raisonnement lorsque je vais consulter un thérapeute aujourd’hui ?

Est- ce que chacun peut essayer de se questionner :

- est-ce que je vais chez un thérapeute quand mes symptômes sont vraiment trop excessifs (donc j’attends le dernier moment) ?

- est-ce que je vais régulièrement consulter mon praticien afin de faire le point sur mon état de santé, sans forcément avoir de problèmes sur le moment?

- est ce que je consulte un praticien avec l’attente qu’en une séance ou 2, grand maximum 3, il règle mon problème définitivement?

- est-ce que je le questionne sur la cause profonde de mon problème ?

Il est vrai aussi que le thérapeute ne fait pas toujours son travail de prévention et d’information : je reçois souvent des patients qui sont allé voir avant des acupuncteurs, qui me disent que le problème n’est pas résolu, mais ils sont incapables de me dire ce qu’a dit le praticien sur leur problématique ; parfois le praticien fait juste son job et ne dit rien, et le patient ressort, qu’il aille mieux ou pas, et toute la séance reste un grand mystère chinois...

Ce sont des questions qui me touchent beaucoup car j’y suis tout le temps confronté, et suis amenée à informer constamment les patient sur cette notion que l’on a vu tout à l’heure de « Racine et de Branche », mais aussi à tenter de retranscrire le langage de la médecine chinoise, très symbolique, afin qu’ils comprennent ce qui se passe en eux, de ce point de vue là, et qu’ils puissent se l’approprier, l’observer dans leur quotidien, leur corps, et utiliser les outils que je propose de façon « concernée », responsable. Outre leur permettre de développer cette capacité à s’engager dans leur quotidien pour leur santé, il me semble aussi important de ne pas « passer à côté » des explications propres à la MTC envers mes patients, sous-prétexte que la MTC est compliquée, pleine de concepts abstraits, qu’elle est un autre univers..

Car en fait tout un chacun peut très bien comprendre ! La MTC est très concrète aussi, basée sur l’expérience, le vivant, et la singularité de chacun.

Et oser s’ouvrir à un autre autre langage, un autre point de vue, un autre univers, c’est aussi fondamentalement s’ouvrir à l’autre, à la différence, et il ne faut jamais faire l’impasse dessus. Ce pourrait être au contraire une habitude à prendre, pour nous nourrir, nous approfondir, et, au-delà des apparences, nous rassembler.


Donc, quelle est ma démarche vis à vis de ma santé ?

Nous l’avons vu. Souvent dans notre société nous traitons la branche : j’ai mal à la tête, et on m’enlève le mal de tête. Et cela est valable aussi pour les techniques alternatives à la médecine contempraine. Par exemple : je vais voir un magnétiseur, et il m’enlève la douleur à la jambe. C’est très bien.

Mais en MTC nous donnons toute notre importance ailleurs : à la Racine.

Car si on coupe la branche morte d’une orchidée, et que la racine reste trop humide, elle va pourrir, les autres branches vont en être impactées.

Pour traiter la maladie, il faut retourner à sa racine

Zhì bìng bì qiú qí běn

治病必求其本

(Classique Interne de l’Empereur Jaune)


Souvent, lorsque l’état de la branche n’est pas trop dérangeant pour le patient, nous traitons en priorité la racine afin de traiter le déséquilibre fondamentalement.

Et il est vrai que, puisque nous ne sommes pas dans une société qui accorde de l’importance à la prévention en matière de santé, les patients arrivent très souvent avec des déséquilibres déjà importants, qui datent depuis longtemps, parfois présents depuis l’enfance !, chroniques, ...et auxquels se sont ajoutés bien d’autres symptômes depuis...


Là est la difficulté, car pour traiter une racine déjà très affaiblie, et avec de nombreux symptômes qui se sont mis en place au fil du temps….hé bien il faut parfois bien du temps!

Ce n’est pas toujours le cas, mais il faut parfois beaucoup de séances, respecter les recommandations de suivi du praticien, ainsi que ses conseils d’entretien de la santé au quotidien et des exercices recommandés.

Certaines dimensions physiologiques dans le corps sont très longues à se reconstituer, si elles ont été atteintes profondément, ou depuis longtemps.

Or, nous vivons dans des sociétés de stress, de surmenage, qui épuisent l'énergie vitale.

Et il faut l’accepter, le comprendre. Le corps et l’esprit n’ont pas forcement le même rythme, et ces rythmes là nous échappent quelque part...

Donc « s’engager » pour sa santé, c’est voir d’où l’on part, depuis combien de temps, et accepter de laisser au corps le temps qu’il lui faut pour que le processus naturel de « retour vers l’état de santé », qui, je le rappelle est sans cesse en mouvement...puisse se faire. C’est « accompagner la vie, en conscience » ...et d’ailleurs, nous, praticiens, nous ne faisons rien d’autre que de faciliter cela. Nous ne sommes pas « maîtres » de la guérison. Nous écoutons la vie, et lui proposons un chemin vers ce qu’elle est, dans son état « le moins altéré possible ».


Comme nous l’avons vu, l’état de santé dépend de très nombreux facteurs, liés à notre quotidien, notre environnement, et à notre passé, notre structure etc...et s’engager pour sa santé, c’est donc apprendre à se connaître suffisamment pour être conscient de cela, et de tous les petits paramètres à mettre en mouvement pour la transformation. C’est faire de la lumière sur notre façon de nous alimenter, de parler, de penser même !...nos fragilités..tout ce qui nous a conditionné, et tout ce qui nous impacte encore, qui pourrait être un facteur déséquilibrant maintenant, ou dans le temps.


Nous pourrions rêver d’une société où il n’y aurait à faire presque que du travail d’entretien de la santé. Mais actuellement c’est le contraire qui se passe. Là où les pathologies sont présentes depuis longtemps, où aucune information n’est vraiment transmise publiquement en matière de santé et de prévention (alimentation, hygiène de vie, rythme de travail, gestion de la vie émotionnelle etc...) , nous sommes toujours, praticiens, confrontés à un travail qui est souvent celui de l’urgentiste, alors qu’à l’origine l’objectif de la MTC, son fondement même, est de prévenir les maladies, bien avant de les soigner !



Cette démarche de connaissance de soi et de prévention est à la base de la Médecine Chinoise.

C’est ce dont nous parle principalement le Huang Di Nei Jing ( Classique interne de l’empereur jaune ), un des textes fondateurs de la MTC :

« Ne pas traiter la maladie déjà advenue,

Traiter la maladie qui n’est pas encore là »

Bù zhì yǐ bìng zhì wèi bìng不治已病治未病


Il est intéressant de savoir que dans la Chine Ancienne, un médecin qui soignait une maladie était perçu comme un mauvais médecin, car cela signifiait que son travail d’entretien de la santé de ses patients avait échoué ! Les patients venaient chez le médecin sans avoir de pathologie particulière (et d’ailleurs ils payaient le médecin pour rester en bonne santé, avant même d'être malade!), mais pour renforcer leur organisme, connaître les moyens d’entretenir leur santé, et pour cela il y avait une conduite « naturelle » à adopter dans le quotidien : un équilibre entre l'activité et le repos, un environnement de vie sain et tranquillisant, une alimentation qui leur correspondait, des exercices de qi gong, et une relation au sacré, à la vie spirituelle, qui permettait aussi de « surfer » avec la vie, d’accueillir les difficultés de la vie de façon plus sereine, plus équilibrée, plus harmonieuse.


Car, dans tout cela, il faut aussi envisager que la vie n’est pas un phénomène "maîtrisable". Les événements nous bousculent, et il n’y a pas à chercher le contraire. La vie, c’est le mouvement, la transformation, et celle-ci doit s’opérer également en nous (et le fait d'ailleurs malgré nous), et cela ne se fait pas forcément toujours en douceur. Nous le voyons dans le traitement, avec parfois de fortes réactions du corps pour arriver à retrouver le chemin de l’équilibre...

Pourquoi ? Parce que nous résistons. Quelque chose en nous refuse la difficulté, la souffrance, l’ébranlement, le changement...c’est tout à fait compréhensible, mais la force que l’on va mettre dans cette « résistance » là, est elle-même la souffrance.

Ce n’est pas la situation en elle-même, c’est la résistance que l’on y met, le désir, le besoin de contrôler la vie, notre vie, de lui donner notre sens, notre forme, d’y établir notre pouvoir…qui va créer la souffrance. Parce que nous avons peur, nous n’avons pas une confiance absolue en la vie, et ses manifestations...pourquoi… ?

Peut être parce que nous nous sommes justement coupé de cette vie, et cela a pu commencer par nous couper de notre corps, de nos sensation, de notre écoute intérieure, du caractère sensuel de la vie, et du caractère sacré aussi, à travers ses rituels, ses initiations, qui sont tous l’expression sacrée de la mort (de la transformation) dans notre vie.


Or, il faut bien accepter, et voir en nous, que c’est « la vie qui nous agit ». Et la mort est ce changement de chaque instant, cette transformation naturelle, « le flux de la vie » qui fait que nous ne pouvons nous accrocher à rien vraiment, puisque rien de « stable » n’existe réellement, ni dans notre esprit, ni dans notre corps...Ma pensée d’un jour, ou ma réaction face à telle situation, peut tout à fait changer le lendemain, et il n’y a rien de pathologique à cela, c’est la nature même de la vie.

Donc comment puis-je définir mon identité dans ce mouvement perpétuel ? Plus nous sommes conscient de l’impermanence des choses, moins nous pouvons nous y accrocher.

Et pourtant, paradoxalement, plus alors quelque chose émerge, en nous, de plus vaste, de plus intime et de plus « permanent » : la vie elle-même, en amont de la manifestation : cet espace sans commencement ni fin, impersonnel, qui demeure le témoin silencieux de chaque manifestation.

Ce grand Mystère qui nous crée, nous conduit, nous porte, et que nous sommes.

Et c’est ce que le Dao 道 va nous enseigner.


"Vide ton esprit de toute pensée.

Laisse ton cœur être en paix.

Observe l’agitation des êtres,

mais contemple leur retour.

...

Chaque être distinct dans l’univers

revient à la source commune.

Revenir à la source, c’est la sérénité."


Lao Zi - Dao De Jing.


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